mercredi, mars 19, 2008

Fouad Mourtada, fin du cauchemar

Après 43 jours de détention, Fouad Mourtada, le jeune ingénieur marocain jugé et condamné à trois ans de prison ferme pour avoir ouvert une page Facebook au nom de Moulay Rachid, l’un des frères de Mohammed VI, a été libéré hier par une grâce royale à l’occasion du Aid Mawlid Nabaoui. Selon son avocat, il aurait quitté la prison d’Oukacha hier soir, mardi 18 mars, mais l’annonce officielle de la grâce n’aura lieu que jeudi.

On se souvient que, suite à son arrestation le 5 février, ses proches lançait un mouvement pour alerter l’opinion à propos de l’emprisonnement et de la torture de Fouad Mourtada (notamment via le site Help Fouad). Un appel rapidement suivi et soutenu par les médias locaux, puis internationaux et les organisations de droits de l’homme. Le 19 février, un certain nombre de blogs marocains (Larbi, Cawaves, Obiter dicta, etc.) se mettaient en grève pour manifester leur solidarité. Pourtant le 22 février, Fouad était condamné à 3 ans de prison et d’une amende de 10000 dirhams (880 euros environ) pour « utilisation de données informatiques falsifiées et usurpation d’identité ».

On indiquait à l’époque que la situation, jugée globalement absurde — car sans plaignant — et disproportionnée, mettait mal à l’aise la police et la justice marocaine. La semaine dernière, dans un article de la BBC sur le mouvement pour la liberté de Fouad Mourtada, Khalid Naciri, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement marocain confiait : « sur un plan personnel, cette sentence me semble bien lourde. » Alors, Mohammed VI aurait-il flanché face à la pression internationale ? Ce n’est pas l’avis de Rachid Hallaouy du site Yabiladi qui penche plutôt pour « le geste d’un “homme” qui a utilisé son pouvoir pour donner une seconde chance à un jeune citoyen. »

De son côté, Laurent Pervas de Casaweves, estime que cette affaire montre les contradictions du Maroc :« il n’est pas possible de faire cohabiter longtemps corruption et ouverture économique, décisions de justice arbitraires et démocratie. » Pour résumer la situation, il cite l’un des commentaires du blog d’Ibn Kafka : « excellente nouvelle même si j’aurais préféré que la décision émane de la justice — pour que ça fasse jurisprudence… Et non d’une grâce royale qui ne règle rien. Notre pays a pris un sacré coup en terme d’image et ça démontre la déconnexion d’une certaine classe dirigeante avec le progrès technique, technologique et démocratique auquel aspire chaque marocain. »



Par Astrid Girardeau
Source : ecrans.fr (site de Liberation.fr)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Notre action avait-elle un impact?

Anonyme a dit…

Fort probable. Tout le monde s'est mobilisé pour Fouad, au maroc ou à l'étranger. C'est ce qu'a fait connaître cet affaire.