Airbus livre lundi son premier A380, plus gros avion de ligne de l'histoire
Airbus livre lundi à Toulouse le premier exemplaire de son A380, le plus gros avion de ligne de l'histoire, à la compagnie Singapore Airlines, avec 18 mois de retard et après une aventure industrielle hors du commun.
Cet événement, auquel assisteront 600 personnes venues du monde entier, marque la fin des déboires industriels du programme mais il intervient en plein milieu d'une affaire de délits d'initié chez EADS, maison mère d'Airbus, liée précisément aux problèmes de fabrication de l'avion géant.
Le quadriréacteur, qui avait été dévoilé en janvier 2005 devant quatre chefs d'Etat et de gouvernement, sera livré lundi devant un parterre composé essentiellement de salariés d'Airbus, de Singapore Airlines et d'autres partenaires et de journalistes.
L'A380 roulera mais ne volera pas. Il partira le lendemain pour Singapour, d'où il effectuera son premier vol commercial le 25 octobre en ralliant Sydney. Les places de ce vol aller-retour ont été mises aux enchères sur le site internet eBay et ont rapporté 1,3 million dollars, somme qui sera reversée à des oeuvres caritatives.
La livraison de l'avion a été repoussée en raison de problèmes d'industrialisation, en particulier dans l'assemblage des câblages électriques. Des difficultés qui ont mis en lumière le manque d'intégration entre les différentes composantes d'Airbus et conduit à la simplification de la direction franco-allemande.
Destiné à défier le 747 de l'américain Boeing (seul super-jumbo dans les airs, depuis 1970, et doté dans sa version élargie de 450 places), l'A380 pourra transporter 525 passagers en aménagement standard, et jusqu'à 853 en charter. L'avion totalise à ce jour 189 commandes fermes et engagements d'achat émanant de 16 clients, principalement de la région du Golfe, d'Asie et d'Europe.
En raison des retards et des surcoûts, Airbus doit vendre 420 A380 à prix catalogue --319,2 millions de dollars-- pour rentrer dans ses frais, contre les 270 qu'il avait prévus au lancement du programme en 2000. Les espoirs commerciaux de l'A380 sont fondés sur le développement des liaisons de hub --grande plate-forme de correspondance-- à hub qui ont besoin de très gros porteurs. Ces derniers devraient représenter 7% des livraisons d'avions entre 2006 et 2025, selon les prévisions d'Airbus.
Boeing estime ce chiffre à seulement 4% et mise sur des appareils plus petits transportant les passagers à leur destination finale sans correspondance, comme son long-courrier Dreamliner B787, dont la date de mise en service vient d'être repoussée de six mois à décembre 2008. Sur ce créneau, l'A350 XWB d'Airbus ne sortira qu'en 2013.
Il y a un peu plus de deux semaines, l'européen a remporté un joli succès en convaincquant la compagnie British Airways, fidèle cliente de Boeing, de lui acheter douze A380 avec des options sur sept autres.
Mais cette bonne nouvelle a été occultée une semaine plus tard par la résurgence de soupçons de délit d'initié au sein d'EADS, impliquant les principaux actionnaires privés et dirigeants du groupe, dont l'Allemand Thomas Enders qui dirige Airbus depuis fin août. C'est un nouveau coup dur pour l'avionneur, au moment où celui-ci met en oeuvre son plan de redressement Power8 qui prévoit la suppression d'ici à 2010 de 10.000 emplois, dont la moitié chez les sous-traitants.
Les charges liées au retard de l'A380 ont pesé pour 2,5 milliards d'euros dans l'exercice 2006 d'Airbus, en perte de 572 millions d'euros. La facture totale de la crise devrait dépasser 6 milliards d'euros d'ici à 2010.
Par Céline LE PRIOUX
Source : Yahoo! Actualités
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