mercredi, mai 21, 2008

Kusturica a filmé Diego Maradona: grandeur et décadence d'une star du ballon rond

Héros du documentaire d'Emir Kusturica présenté mardi hors compétition à Cannes, Diego Maradona, dieu vivant en Argentine, est un génie du ballon rond à la gloire déchue, solitaire, un temps obèse, drogué et alcoolique, mais toujours adulé.

En dépit de tous ses excès, Diego Armando Maradona, né en 1960 à Buenos Aires, restera pour toujours le "diez", le numéro dix, capable de marquer les plus beaux buts de l'histoire du football à l'instar du roi Pelé, finalement son seul rival.

Ange ou démon ? La polémique n'a jamais cessé. Sans doute est-il tout simplement un "gamin en or" ("Pibe de oro"), issu des quartiers pauvres, tombé dans le chaudron de la Bombonera, le stade du club Boca Juniors, quand il était petit, et qui n'a plus jamais voulu grandir.

Parmi les milliers de photos accompagnant la gloire puis la déchéance de Maradona, deux images résument sa vie.

La première remonte à 1986, un soir de finale de Coupe du Monde, dans le mythique stade Aztèque de Mexico, où Maradona n'est qu'un immense sourire en brandissant le trophée mondial. Il est au sommet de son art.

Son but inscrit de la main contre les Anglais en quarts de finale a fait hurler de joie tout un peuple qui a accepté l'explication improvisée et géniale de Maradona: "la main de Dieu".

Mais, les fans de football se repasseront inlassablement son deuxième but contre ces mêmes Anglais, un chef-d'oeuvre d'intuition et de talent pur.

"J'avais envie de m'arrêter de jouer pour le regarder", avouera son équipier Jorge Valdano.

Le second cliché date du 26 avril 1991. Beaucoup moins glorieux. Hirsute, bouffi, mal rasé, l'oeil éteint, Maradona sort de son domicile de Buenos Aires entouré de deux policiers venus l'arrêter pour détention et consommation de cocaïne. Il a perdu sa superbe.

C'est le début de la déchéance, des déclarations tapageuses, des outrances de tous ordres, des retours au premier plan soigneusement orchestrés par un entourage de requins. Les cures de désintoxication vont désormais alterner avec les rechutes.

Après avoir goûté à la drogue dans le barrio Chino de Barcelone au début des années 1980, son accoutumance n'a pas faibli pendant les années de gloire à Naples.

Le football l'a fait roi, mais Maradona a payé cher cette gloire qu'il n'a jamais apprivoisée. Sali par les scandales, sous le coup d'une suspension de deux ans pour un nouveau contrôle positif, il quitte officiellement le monde du football, à 37 ans, le jour de son anniversaire.

Loin des stades, la déchéance va s'accélérer.

En 2000, il est hospitalisé à Punta del Este, célèbre station balnéaire d'Uruguay, pour une crise cardiaque liée à la drogue.

Il s'en sort et part à Cuba en désintoxication. Quatre ans d'allers et retours entre l'Argentine et sa seconde patrie ne réussiront pas à le guérir durablement de sa dépendance à la cocaïne. En 2004, il frôle la mort après un accident cardio-vasculaire à l'issue duquel il repart à La Havane.

L'année suivante, il subit à Bogota une opération chirurgicale destinée à réduire la capacité d'absorption de son estomac, ce qui lui permet de perdre près de 50 kilos.

L'Argentine veut à nouveau y croire. Fin 2005, charmeur et en forme, il bat des records d'audience avec son émission télévisée "La nuit du 10" où il invite notamment son grand rival Pelé. Pourtant, Diego se met à boire, grossit, fume et rechute dans une crise hépathique qui le ramène à l'hôpital début 2007.

Une fois encore, il s'en sort. Depuis, il se mêle volontiers de politique, multipliant les déclarations anti-américaines et de soutien à Fidel Castro.


Par : AFP
Source : Yahoo! Actualités

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