Les mouvements
palestiniens rivaux Fatah et Hamas ont signé jeudi soir à La Mecque un accord sur un gouvernement d'union nationale et son programme politique, visant à mettre fin aux violences meurtrières intestines et sortir les territoires de la crise.
Après deux jours d'intenses discussions, le président palestinien Mahmoud Abbas du Fatah et le chef en exil du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaal, ont paraphé le document lors d'une cérémonie officielle en présence du roi Abdallah d'Arabie saoudite, à l'initiative de la rencontre.
L'accord interdit l'effusion "du sang palestinien", "affirme l'unité nationale et adopte le dialogue comme seul moyen pour le règlement des conflits", selon la lecture du document faite par Nabil Amr, conseiller de M. Abbas.
Le président palestinien a chargé le Premier ministre sortant Ismaël Haniyeh, issu du Hamas, de prendre la tête du gouvernement d'union, a ajouté M. Amr, en lisant un deuxième document faisant état de cette nomination.
Dans ce document, M. Abbas appelle le futur gouvernement à "respecter la légalité internationale et les accords conclus par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)", selon Nabil Amr.
Il s'agit de l'unique référence à la question de la reconnaissance d'Israël et des accords conclus antérieurement entre les Palestiniens et l'Etat hébreu, point d'achoppement des discussions précédentes.
Le Hamas refusait en effet de renoncer à la violence et de reconnaître le droit d'Israël à l'existence, ainsi que les accords passés entre l'OLP et l'Etat hébreu, comme l'exige le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie et UE).
Ce refus du Hamas a entraîné la suspension des aides financières occidentales directes à l'Autorité palestinienne, menaçant celle-ci d'asphyxie.
"J'espère que nous mettrons fin aux actes dont nous avons honte (...) et que nous nous engageons dans une action sérieuse pour la libération de notre patrie", a ensuite déclaré M. Abbas, en référence aux affrontements interpalestiniens qui ont fait 67 morts depuis le 25 janvier.
Khaled Mechaal s'est pour sa part engagé "devant Dieu et devant la nation islamique (...) à respecter cet accord". "Notre engagement est total", a-t-il répété.
Lors de la cérémonie de signature, le roi Abdallah s'est félicité de l'accord, qualifié d'"honorable", saluant les signataires pour "s'être hissé à la hauteur de leur responsabilité (...) en arrêtant l'effusion du sang et en réalisant l'unité nationale".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué cette avancée et s'est "réjoui de l'annonce, à La Mecque, d'un accord sur un gouvernement d'union nationale et (a) applaudi l'initiative (...) du roi Abdallah (espèrant) que cet accord (mettrait) fin aux violences et (permettrait) d'assurer un meilleur avenir au peuple palestinien".
A Washington, un porte-parole du département d'Etat a indiqué que les Etats-Unis ne pouvaient réagir sans connaître les détails sur "la composition ou le programme politique" du nouveau gouvernement palestinien, qui doit, a-t-il dit, respecter les trois conditions posées par l'Occident: reconnaissance du droit d'Israël à exister, renoncement à la violence et reconnaissance des accords passés avec l'Etat juif.
Dans la bande de Gaza, l'accord a été salué par des salves d'armes automatiques, tandis qu'Israël restait prudent. "Ce cabinet devra renoncer à la violence, reconnaître Israël, et reconnaître les accords signés entre Israël et les Palestiniens", a répété Miri Eisin, porte-parole du Premier ministre israélien Ehud Olmert.
Réunis à La Mecque depuis mercredi, les deux délégations avaient mis en place la nuit dernière trois groupes de travail chargés de trouver des solutions aux problèmes à résoudre pour parvenir à un accord.
Le premier groupe de travail, chargé de la composition du gouvernement d'union nationale, avait convenu de confier la direction du futur gouvernement à Ismaïl Haniyeh, et de lui adjoindre un vice-Premier ministre choisi au sein du Fatah et nommé par Mahmoud Abbas.
Le groupe de travail a attribué neuf ministères au Hamas, six au Fatah, quatre à des représentants des quatre autres blocs parlementaires Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) et trois à des indépendants.
Le ministère des Affaires étrangères devrait ainsi revenir à Ziad Abou Amr, et le ministère des Finances à Salam Fayadh. Le ministre de l'Intérieur, également un indépendant, sera nommé par le Hamas à condition qu'il ait l'aval de Mahmoud Abbas.
Les deux autres groupes de travail portaient sur le programme politique du gouvernement et sur l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine).
Par Suleiman NIMR et Nasser ABOU BAKR
Source : Yahoo! Actualités
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